« L’Immigration »

L’ « immigration »… Combien d’idées reçues, de connotations négatives, de fantasmes et d’incessantes récupérations politiques viennent charger le maître-mot de ce numéro du Sept… ?

Et comment alors rajouter d’autres mots à un mot-valise déjà lui-même plein à craquer ?

À l’heure où je me prépare moi-même à faire mes bagages et à devenir l’immigré de quelqu’un d’autre, c’est sans doute cette idée que je retiendrai de l’association TO7 : celle d’un lieu qui nous donne l’opportunité de venir au contact des « vrais gens », d’ouvrir notre regard à d’autres réalités, de laisser au vestiaire la carapace rassurante de nos idées préconçues, de nous dépouiller de nos grandes postures et concepts figés.

Au-delà de l’enseignement de la langue à proprement parler, c’est à ce pas de côté que les ateliers de français langue étrangère de TO7 nous invitent.

D’abord parce que contrairement à ce qu’on pourrait penser, la relation formateur-apprenants ne repose pas sur une posture de surplomb mais sur l’échange et la recherche partagée, de sorte que celui qui apprend le plus n’est pas toujours celui qu’on croit !

Ensuite, parce qu’en mettant des noms et des visages sur l’actualité internationale et la litanie quotidienne du bilan des victimes que nous débitent les médias, on y comprend que ces personnes ne sont pas parties de leur pays par plaisir ou pour « profiter des aides sociales », ou tout autre obscénité du genre.

Enfin, et surtout, parce qu’on y gagne beaucoup en humilité face à ces hommes et ces femmes qui restent debout et trouvent encore l’énergie d’apprendre, après avoir perdu leurs proches, leurs biens, leur statut et leur racines sociales.

En serions-nous nous-mêmes capables ?

Comme dirait Carlos Castaneda, nous avons affaire à d’authentiques « guerriers spirituels » qui forcent le respect : par leur(s) culture(s) et leur énergie, ils sont indéniablement une richesse pour notre pays, et celui-ci s’honorerait à les accueillir dignement.