Soyons Sport! Le sept n°176

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Edito

Soyons sport !

Parler sport, et faire un journal sur le sport n’a pas été une évidence.

Tant de sujets d’actualité auraient pu retenir l’attention, alors pourquoi parler de sport ?

C’est un sujet dont le traitement médiatique est souvent largement privilégié et particulièrement lorsque l’équipe nationale est représentée.

Faire du foot c’est démagogique ! C’est une des remarques qui nous a été faite à To7 lorsque nous avons prévu d’organiser un goûter pour envisager de faire une équipe de foot mixte.

C’est une remarque que l’on peut entendre effectivement et comprendre tant on peut voir de récupération du sport au niveau politique, soit dans la glorification de son camp au mépris des autres, la propagande d’idées nauséabondes voire des drames pour la vie de sportifs et sportives.

Oui, le sport est aussi politique et concerne directement la vie de la cité. Dans les cafés, dans la rue, à la rencontre d’un inconnu, on peut facilement parler de la dernière performance et les rues peuvent rassembler des milliers, des millions de personnes pour fêter une victoire. L’équipe de foot d’Algérie a remporté la coupe d’Afrique et en France nous avons pu vivre ce bonheur partagé par de nombreux Français et des Algériens résidant en France dans une agréable communion paisible et belle.

C’est aussi par le sport que passent des messages forts. Là, certains, certaines se mobilisent pour faire changer les choses, pour sensibiliser le tout public pour éveiller des consciences. Nous savons que souvent le sexisme ordinaire perdure et l’on pense encore souvent à un sport associé à un sexe (le foot pour les garçons et la danse pour les filles). Certains films comme « Le Grand Bain » ont pu faire évoluer ces schémas et même inspirer des papas à faire de la nage synchronisée afin que leurs enfants puissent aussi choisir le sport qui les fait rêver en dehors de ces schémas stéréotypés. Le sport est le reflet de nos sociétés sexistes, voire ancrées dans le patriarcat avec la difficulté de reconnaissance des athlètes féminines. C’est ce que nous avons pu vivre aussi cet été avec les femmes de l’équipe française de foot en coupe du monde qui on dû céder leur place aux hommes dans leur préparation à Clairefontaine. On y a vu dans l’histoire des athlètes lever le poing ou mettre le genou à terre pour manifester à leur manière la revendication de droits justes, d’équité qu’elle soit ethnique, sexuelle ou encore dénoncer des voies politiques ou civiles discriminatoires.

Les exemples sont nombreux à tous les niveaux. On accorde encore toujours une moindre importance aux handisports. Des femmes jugées trop masculines comme Caster Semaya sont exclues de la compétition car elles ne rentrent pas dans les petites cases que la société prédéfinit. Des athlètes reçoivent des flots d’insultes et de critiques à cause de leur couleur de peau ou de leurs orientations sexuelles.

Alors parler sport ? Oui ! Mais surtout parler de la vie et de nos sociétés où j’espère que chaque personne pourra être reconnue telle qu’elle est sans discrimination.

Soyons sport !

                Rémi Droin