Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ? Où en est-on ?

par Gisèle Verschelde

Source de tous les fantasmes, tant dans le domaine de la SF que dans celui de l’information, l’IA a été récemment définie  par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) comme « le grand mythe de notre temps ».  De quoi s’agit-il réellement ? Et quelles sont ses finalités ?

 

L’IA est classée parmi les sciences cognitives qui font appel à la neurobiologie, à la logique mathématique et à l’informatique. Plus qu’une discipline, c’est un ensemble de concepts et de technologies. Elle recherche des méthodes de résolution de problèmes à forte complexité logique ou algorithmique(1). Par extension elle désigne les dispositifs imitant ou remplaçant l’homme dans la mise en œuvre de son  intelligence.  En gros, elle désigne la construction de programmes informatiques qui tendent à imiter les comportements humains : compréhension des langues naturelles, raisonnement, perception visuelle, auditive, commande de robots… Mais il existe d’autres définitions de l’IA qui se soucient de savoir si l’IA présente un modèle humain ou non d’intelligence, et on peut supposer que ces définitions vont encore évoluer.

Elle apparaît pour la première fois en 1950 avec les travaux d’Alan Kuring, qui se demande si les machines peuvent « penser ».  L’IA, en tant que domaine de recherche, a été créée à la conférence du  campus de Dartmouth College pendant l’été 1956. Mais la notion même évolue à mesure que la technologie progresse : ainsi la recherche d’itinéraire n’est plus considérée comme de l’IA, par exemple, alors qu’elle l’était en 1950.

 

Actuellement, deux grandes tendances se dessinent au sein de l’IA :

– Les partisans de l’intelligence artificielle forte pour qui le concept d’IA  fait référence à une machine capable non seulement de produire un comportement intelligent, mais d’éprouver  une conscience de soi, de « vrais sentiments» et« une compréhension de ses propres raisonnements »(2)

Les scientifiques adeptes de l’IA forte ne voient généralement pas d’obstacle de principe à créer un jour une intelligence consciente sur un support matériel autre que biologique. Ils pensent juste qu’ actuellement, les capacités humaines sont limitées pour concevoir les logiciels adéquats. Les arguments sont nombreux qui estiment la chose impossible, mais certains pensent que c’est possible pour des ordinateurs qui manipuleraient des symboles. Cependant, il semble impossible de faire la distinction entre des machines qui éprouveraient une conscience, et celles qui simuleraient cette conscience !

– Les partisans de l’intelligence artificielle faible cherchent à construire des systèmes de plus en plus autonomes, des algorithmes capables de résoudre des problèmes d’une certaine classe, etc.

Ces logiciels parviennent à imiter de façon grossière le comportement d’humains dialoguant avec d’autres humains. On en voit des exemples concrets avec les programmes conversationnels tels que ELIZA. Joseph Weizenbaum, créateur du programme ELIZA, met en garde le public dans son ouvrage Computer Power and Human Reason :  ELIZA simule très grossièrement le comportement d’un psychologue en questionnant toute mention du père ou de la mère, en demandant des détails et en écrivant de temps en temps « Je comprends. ». Mais son auteur rappelle qu’il s’agit d’une simple mystification : le programme ne comprend en réalité rien.

Actuellement, l’IA intervient ou cherche à se développer dans de nombreux domaines comme l’aide au diagnostic en médecine, à la prise de décisions dans le secteur du droit, à la résolution de problèmes complexes tels que les calculs d’allocations de ressources, l’assistance par les machines à des taches dangereuses ou non, ou nécessitant de la précision, l’automatisation des taches.

Ses domaines d’application sont très vastes : la banque et la finance, le domaine militaire avec les drones,  (une course aux armements avec IA est en cours), la logistique et les transports, la robotique et les jeux vidéos, et certains secteurs artistiques (œuvres animées par IA)

(1) Un algorithme énonce une solution à un problème sous la forme d’un enchaînement d’opérations à effectuer.

(2) Dictionnaire de l’informatique (1975), André Le Garff.