Il y a longtemps, très longtemps… toutes les couleurs du monde se disputaient. Chacune prétendait à quel point elle était la plus belle, la plus importante, la plus utile, la préférée ! Elles se vantaient, à haute-voix, chacune étant bien convaincue d’être la meilleure.
La rouge poussait le rose et voulait l’écraser. Le rouge était rouge de colère. Le vert se disait proche du jaune et du bleu et redonnait presque espoir, mais il devenait vite vert de rage contre les autres. Le bleu marine, très sombre, cherchait à s’imposer en faisant de l’ombre aux autres. Il prétendait se rassembler, mais en se moquant et en rejetant toutes les autres couleurs en s’assurant de tracer de belles frontières propres pour une soi-disant sécurité et surtout éviter les rencontres pour ne pas avoir à réfléchir et se remettre en question. Le Bleu indigo souffrait, mais après tout comme tous les bleus, se sentant toujours un peu débutant, il avait une peur bleue. Le jaune était orgueilleux aussi et bousculait pour se mettre au centre, en vue de tous. Le bruit de leur querelle se faisait de plus en plus grand. Soudain, un éclair d’une lumière aveuglante apparut dans le ciel, accompagné de roulements de tonnerre. La pluie commença à tomber à torrents sans discontinuer. Effrayées, toutes les couleurs se tapirent et se rapprochèrent pour chercher un abri les unes près des autres.
Dans la pluie on entendit : » vous vous battez entre vous, chacune essayant de dominer l’autre, quand est-ce que vous allez vous rapprocher enfin? N’y a-t-il que la peur qui vous rapproche ou alors vous vous unissez encore pour être contre une autre ? Ne savez-vous pas que vous avez toutes été créées différentes et belles. Vous êtes uniques et aimées et si belles lorsqu’on vous contemple dans votre diversité ! »
Alors les couleurs toujours effrayées, l’une contre l’autre, tout contre… se regardèrent. Chacune, d’abord se scruta elle-même, se trouva imparfaite, incomplète mais belle. Forte du regard et de cet amour qu’elles ressentaient elles posèrent le regard sur leurs voisines et sur les voisines de leurs voisines pour réussir à voir chacune et même la plus éloignée… Ensemble, elles se trouvèrent belles! Encore recroquevillées par la peur, elles se redressèrent doucement, et commencèrent à s’élever en se donnant la main.
Elles s’étendirent alors de toute leur longueur vers le ciel et l’on vit un magnifique arc-en-ciel, signe d’amour et de paix, promesse d’un amour possible d’une vérité qui n’appartient à aucune. Elles décidèrent de se laisser porter par cet amour et cette paix qui font grandir dans l’espérance.
Ainsi de nouveau, quand nous prenons le temps de nous arrêter et de regarder quand le soleil tape dans les nuages sombres, nous pouvons voir la grâce d’une alliance qui se dit pour toutes les couleurs et tous les êtres vivants de notre humanité. En acceptant qu’il y a une vérité qui nous échappe, et en osant dépasser nos peurs pour l’écouter ensemble.
conte anonyme réécrit par Rémi