Interview d’un étudiant en Licence informatique
par France Flamand
Q : Quelvin, 20 ans, – tu es en 3ème année de fac, en licence d’informatique, et as déjà travaillé 2 mois cet été dans une entreprise toulousaine sur la mise en conformité de l’entreprise à la législation européenne sur la protection des données personnelles : tes études ont-elles baigné dans l’intelligence artificielle ou est-ce une science à part ?
R : Les 3 ans de la licence, algorithmes, mathématiques, informatiques ont un tronc commun, les spécialités, dont l’IA, se choisissent après, en master, c-à-d en 4ème et 5ème année.
Q : – un jeune informaticien comme toi peux-t-il s’en passer ?- L’IA est-elle réservée à une élite scientifique ou entre-t-elle dans la vie de tous ?
R : Je ne poserais pas la question de cette façon ! L’intelligence artificielle* est une science en plein devenir basée sur la création d’algorithmes d’apprentissage intelligents de plus en plus puissants qui traitent des masses de données de plus en plus importantes. Pour les chercheurs et ceux qui y travaillent, c’est une branche spécifique de l’informatique, encore à son début. Pour ses usagers, elle ouvre des perspectives immenses qu’on a du mal à imaginer : Un exemple : la reconnaissance vocale ! A peu près inconnue il y a quelques années, elle est maintenant omni présente dans le grand public. Qui ne connait pas Siri ? Qui ne dialogue pas avec son Iphone ou son ordi qui répondent de vive voix à la demande et même conseillent !!!!
Q : – Quelle sera d’après toi, l’influence de l’IA sur l’emploi et les métiers de demain ?
R : Nous vivons déjà depuis plusieurs années, je ne sais s’il faut dire une révolution ou une évolution profonde ! Il y a donc déjà et il y aura encore plus de modifications dans les types traditionnels d’emplois : on transforme l’emploi : on enlève des tâches que l’on fait faire par des robots et on les remplace par d’autres, qui doivent encore être faites par des hommes. Le phénomène n’est pas nouveau !
Le cycle s’accentue et va plus vite. Mais comme pour les siècles passés, on créera de nouveaux types d’emploi et il faudra organiser la transition. Si les Hommes et les gouvernements s’attellent à la question ! Je crois que là est la question mais qu’il y a des réponses possibles !
Mais l’IA, c’est à dire la production d’algorithmes super puissants qui agiront avec des robots, provoqueront un changement profond de société tel qu’on a du mal à mesurer avec nos échelles habituelles. Nous sortons de l’ère Production/Travail pour entrer dans une ère Travail/Loisirs. A une échelle progressivement mondiale. En combien de temps ? Je ne sais pas.
Je crois qu’on a le temps de s’y préparer si l’on accepte de contrôler la recherche et l’usager de l’IA.
Il ne faut pas faire avec l’IA ce qu’on a fait avec une invention informatique qui a bouleversé le monde mais qui nous a échappé : Internet ! On croit que ce sont quelques grands acteurs comme Google, Apple, Facebook, Amazon….qui contrôlent Internet ! Non, ils permettent à des milliards d’usagers sur la planète d’utiliser les sites les plus utilisés. Mais ces sites ne représentent qu’un faible pourcentage des sites créés y compris dans le« dark web ». Il faut donc maitriser la création et les usages à l’échelle européenne et internationale. C’est sur une application de cette nouvelle législation que j’ai travaillé cet été, en aidant une entreprise à se mettre à jour de la législation européenne des contrôles des datas. Mais les datas des clients, fournisseurs, personnels, même d’une grande entreprise ne représentent pas grands choses dans l’immensité du web.
Q : -Tu as l’air préparé à ce bouleversement à venir, en as-tu peur ?
R : – Non, je n’ai pas peur. Mais je ne sais pas si, ni quand, on maitrisera cette formidable révolution ! Certes, ma formation me permet de mieux comprendre, et peut-être d’anticiper un peu. L’IA est une machine super puissante mais ce n’est qu’une accumulation de mathématiques ! Est-ce qu’on laissera à L’IA le pouvoir d’échapper à l’Homme, comme on l’a fait pour internet, ou est-ce qu’on pourra la séquencer et contrôler sa création et ses usages en fonction des besoins ? Je ne connais pas l’avenir. Ce n’est pas qu’une question scientifique. Elle est aussi politique et sociale : Veux-t-on ou non vivre les films comme « Terminator », Wall-e, Her, ou … Dans ce domaine et dans beaucoup d’autres, il y aura encore beaucoup de travail, même si « les tâches » et les « emplois » se modifient. Les jeunes le savent ou vont l’apprendre vite !