Des liens, ces fils à coudre et recoudre

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A travers la Communication NonViolente, les Cercles Restauratifs ou la Justice Réparatrice, se joue en « je » ce qui permet de relier les personnes en déliant une parole souvent prisonnière de nos émotions, de nos besoins insatisfaits et qui n’arrive pas ou plus à se dire de manière apaisée.

Qu’est-ce qui nous permet de rentrer en lien, en relation avec d’autres personnes ?

Ce sont d’abord les salutations qui sont souvent basées sur des souhaits bienveillants. En français, nous avons les mots « bonjour » et « salut ». Le premier peut se comprendre littéralement comme vœu pour l’autre d’un bon jour, d’une bonne journée comme en allemand, en espagnol, en portugais, en turc, etc. Le « salut » est peut-être un de ces mots qui nous conduit à souhaiter à l’autre que le ciel ne nous tombe pas sur la tête comme le diraient les Gaulois du village d’Astérix.

Dans d’autres cultures, on retrouve le mot « Paix », comme dans Shalom שָׁלוֹם en hébreu ou Salam سلام en arabe et dans ces deux langues sémites, la salutation : « la paix avec toi », que l’on retrouve également en coréen avec le mot 안녕 qui signifie également paix ou tranquillité.

Il s’agit donc de communiquer avec des codes qui nous relient et qui nous aident à trouver une paix les uns avec les autres, une harmonie pour entrer en communication.

Dans d’autres cultures encore, comme pour les Zoulous, on trouve le concept « Umuntu ngumuntu ngabantu » (« je suis parce que nous sommes ») pour désigner cette relation entre les membres de la société afin que tous vivent ensemble.

La Communication NonViolente et la Justice Restaurative ou Réparatrice se fondent également sur ce principe vivant pour trouver la meilleure manière de rentrer en relation avec une autre personne en repensant ce que ça implique pour nous-mêmes. En effet, lorsqu’il y a ce que nous ressentons comme une violence,  ou une infraction par rapport à nos principes, quels sont nos propres sentiments, nos récits de vie, nos besoins pour reconstruire  ensemble ce qui peut être réparé, pour que nous puissions vivre et que l’autre aussi.

Pour citer Pascale Renaud Grobras, traductrice du livre d’Howard Zehr, « la justice Resaturative[1]: pour sortir des impasses de la logique punitive » : Pour pouvoir dire « je suis coupable de ça » ; pour pouvoir dire « j’ai souffert de ça ». Pour qu’une communauté (les proches, les gens du quartier, la famille élargie, etc.) puisse prendre acte de ce qui s’est passé et soutenir la victime comme l’infracteur pour revenir à une vie acceptable, il faut que ça soit dit. Et que chacun sache, ensuite, les étapes qui mèneront à la possibilité, peut-être, de revivre en harmonie autant qu’il est possible.

Dans cette logique, au lieu de penser à la rétribution et comment faire payer l’autre de sa faute, on cherche plutôt à réparer, à restaurer ou autrement dit à redonner de la nourriture pour notre vie pour que chacun puisse prendre conscience des sentiments de l’autre afin d’être apaisé. Ainsi, des victimes peuvent être amenées à rencontrer des criminels pour entendre leurs souffrances et pouvoir reconstruire leur vie à l’écoute des blessures afin de changer leur regard et envisager un pardon pour soi-même d’abord, et pour un autre dans la rencontre de notre humanité et de nos besoins communs.

Rémi Droin

[1] http://amicale-ipt-montpellier.blogspot.com/2012/05/justice-justesse.html